NOTES

 

Ces chiffres des records, sans cesse accrus, atteints par les empereurs romains, n'ont évidemment valeur que symbolique, mais ils sont très injustes pour Geta. (Et non Gela: le manuscrit et la copie portent « Gela » mais par inadvertance et il s’agit incontestablement de Publius Septimus Geta fils de Septime Sévère, coempereur, en 211, avec son frère Caracalla qui le fit assassiner au bout d’un an.) Geta se distingue au contraire par sa résistance aux proscriptions. C'est ainsi que le caractérise l'article qui lui est consacré par le Dictionnaire de Chaudon et Delandine -et un psychanalyste trouverait à boire et à manger dans la double erreur de Hugo qui attribue à Geta les victimes de son frère Caracalla et fait rimer leurs noms.

« GETA, (Septimius) fils de l'empereur Sévère et frère de Caracalla, eut l'humeur aigre dans sa première enfance; mais, lorsque l'âge eut développé son caractère, il parut doux, tendre, compatissant, sensible à l'amitié. Un jour que Sévère vouloit faire périr tous les partisans de Niger et d'Albin, Geta qui, n'avoit guère plus de huit ans, parut ému. Sévère crut calmer son agitation en lui disant: Ce sont des ennemis dont je vous délivre.— Geta demanda, quel en seroit le nombre? Lorsqu'on l'en eut instruit, il insista, et fit une nouvelle question: Ces infortunés ont-ils des parens et des proches? Comme on fut obligé de lui répondre qu'ils en avoient plusieurs: Hélas! répliqua-t-il, il y aura donc plus de citoyens qui s'affligeront de notre victoire, que nous n'en verrons prendre part à notre joie. On prétend que Sévère fut ébranlé par cette réflexion, aussi judicieuse que pleine de douceur. Mais les deux préfets du prétoire Plautien et Juvenal l'enhardirent à passer outre, parce qu'ils souhaitoient de s'enrichir par la confiscation des biens des proscrits. Caracalla était présent à la conversation dont je viens de rendre compte, et loin d'être de l'avis de Geta, il vouloit que l'on fit périr les enfans avec leurs pères. Geta fut indigné, et lui dit: Vous qui n'épargnez le sang de personne, vous êtes capable de tuer un jour votre frère; et c'est ce qui arrivé réellement. Caracalla ne pouvoit le souffrir. Sa jalousie éclata après la mort de Sévère, lorsque Geta partagea l'empire avec lui. Après avoir inutilement essayé de s'en défaire par le poison, il le poignarda entre les bras de Julie, leur mère commune, qui, voulant parer les coups, fût blessée à la main, l'an 212 de Jésus-Christ. Geta n'avoit pas encore 23 ans; son goût pour les arts, sa modération, promettoient au peuple Romain des jours tranquilles et heureux. » Après quoi, tous les partisans de Geta furent proscrits.